Améliorer sa santé à chaque étape de la vie

L’approche «phases de la vie» ou l’approche portant sur toute la durée de la vie se démarque par une vision très complète: envisager la santé des individus dans une perspective temporelle et sociétale, en incluant les déterminants intergénérationnels de la santé. La santé n’est pas considérée ici comme un état mais comme un processus influencé par des facteurs divers, dont l’héritage génétique et l’environnement dans lequel naît et vit un individu. Cet environnement lui-même est marqué par la situation socioéconomique et le niveau de formation des parents, par des facteurs environnementaux, les conditions de travail, les normes sociales ainsi que par le contexte politique et culturel. En avril, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), les cantons et Promotion Santé Suisse ont présenté la stratégie nationale Prévention des maladies non transmissibles (stratégie MNT). L’approche «phases de la vie» est, avec les approches settings et groupes-cibles, l’une des trois pistes d’action visant à renforcer les facteurs de protection ou à réduire les facteurs de risque.   

Investir toute la vie dans la santé et le bien-être

L’approche «phases de la vie» prend en compte toute la durée de la vie qu’elle divise en différentes étapes particulièrement significatives pour la santé: dans l’enfance, la priorité est accordée à une croissance saine et un bon développement; durant l’adolescence, la priorité porte sur le développement d’un mode de vie favorable à la santé. À l’âge adulte, l’objectif est avant tout de préserver la santé et de prévenir les maladies en général, mais aussi de maintenir la capacité de travail et la participation à la vie sociale. Enfin, à l’âge avancé, il s’agit prioritairement de maintenir la qualité de vie et l’autonomie. On entend par là apprendre à vivre avec des limitations tout en restant autonome autant et aussi longtemps que possible, et entretenir des relations sociales – malgré les disparitions inévitables au sein du cercle familial et d’amis. Il est donc important, à toutes les étapes de la vie, d’investir dans la santé et le bien-être.  

Un concept pluridimensionnel

L’approche «phases de la vie» permet de comprendre quels sont les facteurs d’influence qui nuisent à la santé au cours des différentes étapes de la vie, lesquels doivent être renforcés, encouragés, et ce dès la naissance jusqu’au grand âge. Elle fait appel, pour cela, à un certain nombre d’informations issues d’un large cercle de disciplines scientifiques et de domaines politiques, qui couvre l’ensemble des spécialités médicales, la psychologie, la sociologie, l’écologie jusqu’aux sciences juridiques et politiques.  Une politique de la santé qui suit l’approche du parcours de vie a donc pour objectif, non seulement de considérer certains besoins et maladies d’une personne durant une étape très limitée de sa vie, mais aussi de couvrir prospectivement toute la durée de la vie et de créer des conditions cadres favorables à la santé, dont les générations futures pourront encore bénéficier. Selon l’étape de la vie, la santé sera marquée par des environnements différents (famille, école, travail, etc.) ainsi que par des personnes de référence et des spécialistes différents qui peuvent influencer favorablement le mode de vie et les conditions-cadres propices à la santé. Pour les nouveau-nés et les enfants en bas âge, les sages-femmes, les spécialistes du conseil aux parents ainsi que les pédiatres, ou encore des personnes proches seront des interlocuteurs précieux sur les questions d’alimentation et de soins de l’enfant, alors que les adolescents trouveront leurs interlocuteurs souvent à l’école et dans les personnes qui les encadrent durant leurs loisirs.   

Un bon départ dans la vie

Le départ dans la vie est l’une des étapes essentielles du parcours de vie. De nombreuses études montrent que les facteurs environnementaux jouent un rôle déterminant dès la conception et pendant le développement intra-utérin. Par exemple, la consommation d’alcool du père ou l’alimentation de la mère avant la conception et durant la grossesse peut influencer l’héritage génétique de l’enfant. De même, un enfant dont on prend soin correctement, tant au niveau physique et matériel qu’au niveau psychique, durant les premiers mois de la vie après la naissance et qui peut se développer dans un environnement stimulant, aura de meilleures chances de vivre en bonne santé. C’est également durant les trois premières années de la vie que se forment une grande partie des cellules du cerveau, ce qui souligne encore l’importance de prendre le plus tôt possible des mesures en faveur d’un bon développement. En résumé, il est essentiel d’investir dans la promotion de la santé en général, et en particulier lorsqu’une grossesse et une future parentalité s’annoncent. Les mesures prises dès le plus jeune âge (intervention précoce) font partie des approches les plus efficaces (en termes de coûts) de la politique de la santé, mais aussi des politiques sociale et éducative. Ces mesures ne pourront toutefois déployer toute leur efficacité que si elles sont prises dans un environnement favorable à la santé et si elles sont acceptées par les personnes de référence des jeunes enfants. Il est donc capital de renforcer les compétences en matière de santé à toutes les étapes de la vie. La promotion dès le jeune âge n’est pas uniquement l’affaire des mères et des pères, mais une mission qui incombe à la société dans son ensemble.    

Accent sur les étapes de transition de la vie

L’approche «phases de la vie» part du principe que l’état de santé d’une personne à un moment donné, son environnement et son style de vie ont des conséquences importantes pour la santé future. Les étapes de transition critiques dans le parcours de vie, celles qui seront souvent décisives pour l’avenir, méritent une attention toute particulière. Par exemple, la puberté. En renforçant la compétence en matière de santé des jeunes, on leur donne la capacité de prendre des décisions qui auront des conséquences positives sur leur santé. Notamment lorsqu’il s’agit d’adopter ou de rejeter des conduites addictives et à risque, ou d’acquérir une résilience et une capacité à agir face à l’adversité. L’âge adulte, celui où l’on travaille, peut s’accompagner d’autres transitions, lourdes de conséquences pour la santé (naissance d’une famille, installation professionnelle, crises professionnelles, etc.). Lorsque la vie avance, la retraite ou l’apparition de handicaps physiques ou mentaux sont des étapes critiques durant lesquelles les individus peuvent être soutenus efficacement afin de préserver leur santé et leur qualité de vie le mieux et le plus longtemps possible. L’augmentation de l’espérance de vie s’accompagne d’un allongement de l’étape de vie après la retraite, et toujours plus de personnes ont la chance de vivre ces années et ces décennies en bonne santé. Une bonne prévoyance vieillesse facilite les choses! Des événements biographiques particuliers, comme des expériences traumatiques durant l’enfance, la perte d’un emploi, une séparation, des crises de la vie ou la perte de personnes de référence importantes peuvent avoir aussi des répercussions durables sur la santé des personnes concernées. Les transitions de la vie, mais aussi les événements décisifs requièrent des stratégies de gestion efficaces. La prévention et la promotion de la santé peuvent proposer des mesures destinées à aider les personnes à surmonter des situations critiques de la vie et à conserver ou à retrouver un mode de vie favorable à la santé.   

Conséquences pour la politique de santé

En matière de prévention et de promotion de la santé, la politique nationale de la santé met l’accent sur deux aspects: d’une part, la responsabilité pour sa propre santé et le comportement individuel adéquat, d’autre part, la création d’un environnement favorable à la santé. Celui qui est bien informé peut préserver et protéger sa santé. Pour ce faire, il faut des conditions-cadres propices qui permettent de «privilégier les choix favorables à la santé». L’objectif n’est pas de mettre les individus sous tutelle, mais de les aider à adopter un mode de vie bénéfique à leur santé. Sans perdre de vue le principe que tous les individus ne sont pas en mesure, de la même manière à chaque étape de leur vie, de prêter efficacement attention à leur santé. Car la santé est influencée non seulement par des décisions personnelles, mais aussi par un grand nombre de déterminants comme le logement, la formation, les conditions de travail et la conception du système de santé et de sécurité sociale. Ces déterminants de la santé sont susceptibles d’évoluer au cours de la vie et de gagner ou de perdre en importance.  

Activités internationales: signature de la déclaration d’intention de l’OMS

À l’automne 2015, une Conférence ministérielle européenne de l’OMS sur l’adoption d’une perspective portant sur toute la durée de la vie dans le contexte de la santé a eu lieu à Minsk, à laquelle une délégation suisse a également participé. Une occasion pour la Suisse d’entendre de la part de professionnels ce qui se pratique actuellement dans ce domaine. À la fin de la Conférence, tous les États participants, ainsi que la Suisse, ont signé une déclaration d’intention. L’objectif est, notamment, d’inscrire davantage les programmes et les stratégies au sein d’une approche portant sur toute la durée de la vie, de définir des groupes vulnérables et de préparer des mesures au potentiel d’efficacité élevé.